jeux de pistes ou comment trouver une église en Turquie

Les cartes touristiques - très shématiques - notent quelques églises. On débute volontiers par celles -ci. Mais quelles surprises...

Exenples avec 3 églises indiquées par les cartes touristiques:

1er exemple- Il faut rejoindre un petit village proche de la grande artère Bayburt-Gumushane, pour trouver l'une. Le village est un village dévasté, c'est la première impression que nous avons! En fait, et c'est TRES fréquent ici, les ruines des maisons arméniennes sont laissées en l'état. Ces belles batisses de pierre s'effondrent peu à peu laissant un très grand goût de malheur. Mais pourquoi laisser ces ruines ainsi? pourquoi ne pas utiliser ces maisons qui ont été très bien bâties? ou pourquoi ne pas les raser pour permettre une nouvelle vie ?

Dans tous ces villages ruinés, les pierres des églises se mêlent à celles des maisons. Dans ce village, nous peinons à les trouver. Les locaux sont très peu aidants ici et même méfiants.Iil faut montrer la carte éditée par la gande ville montrant qu'il y a une église pour calmer les esprits et montrer notre bonne volonté de touriste de base. Nous demandons sans doute à une douzaine de persones qui ne savent pas, ou qui vous envoient vers une ruelle quand l'autre vous envoyait vers une autre. Au moment de renoncer, (un homme était agressif, "non il n'y a pas d"église, allez -vous en!") , des vieilles dames qui devisent sur leur banc nous montrent un pan de mur. Sceptiques. Nous hésitons. Un villageois le confirme , c'est l'église! Difficile à reconnaitre, il n'y a plus rien de reconnaissable! Grace à cet homme, nous entrons dans la petite étable : surpris de reconnaitre ce qui a du être une abside et une sacristie, sans doute... C'est cette ruine introuvable qui était notée sur la carte touristique de la région... Dur à croire!

2ème exemple- Un petit village proche de Bayburt. Le paysage est biblique. Magnifique. Des hautes montagnes bleutées au fond , des champs ocres à perte de vue ondulent traversées par des lignes vertes de peupliers toniques. Dans ce village, encore des ruines arméniennes visibles, mais ici, futés, les habitants utilisent mieux ces batisses qui restent des fermes vivantes pour certaines. Les personnes croisées nous guident sans problème vers l'église, peu étonnés que nous la cherchions. Elle est bien là; elle a meme un toit! Belle surprise!! La moins bonne est qu'ils ne nous l'ouvrent pas... Personne n'a la clef , affirment-ils. Mon oeil!! Sur la carte touristique, on voit même l'intérieur de cette,église en photo! Comment donc une carte tourisitque propose et recommande de visiter cette église alors même qu'elle est interdite d'accès. Encore dur à comprendre!

3ème exemple- Deux églises-monastères indiqués, à notre avis pas trop loin l'un de l'autre, c'est donc une bonne piste à suivre. Nous découvrons sur place ,à notre dépens, qu'ils se situent dans des régions très montagneuses, car bien sûr, la "carte" touristique n'indique aucun dénivelé.

Partis un peu la fleur au fusil pour rejoindre le site, nous découvrons, en fin de journée, que notre route (où nous marchons en espérant se faire prendre en stop pour la 40e de km prévus), se dirige très nettement vers la montagne devant nous. La route sur la carte entre Bayburt et Caykara semblait une grosse route ( gros trait épais rouge ), mais personne ne passe à cette heure tardive pour nous prendre dans ce qui se révèle être une très jolie petite route de montagne.

Pris en pitié par le maire d'un village du coin qui nous met en garde quand il comprend que nous allons camper ici, au bord de la route (ne surtout pas s' enfoncer dans les forêt... ça je m'en souviens). " si vous n'avez pas de pistolet comme moi (il nous le montre à sa ceinture), vous êtes morts ici!".

Cela se complique donc.

Il nous parle beaucup des ours , très nombreux et attirés par les ruches très abondantes du coin. Mais aussi et surtout des bandits. Les gens du coin ne sont pas fiables , dit-il et dangereux pour nous. Ajouter à cela qu'il y a eu des attaques du PKK le mois dernier, cela ne donne plus du tout envie de camper. Nous sommes prêts à nous offrir le plus grand hotel du coin! Il nous prend en voiture avec son comparse et nous affirme qu'il nous emmène dans un lieu sûr. La veille voiture ( c'est du costaud, type R9 increvable, ouf) monte la pente qui devient très raide. La nuit est dense maintenant. Au bout de 15 km, le col est atteint. Cela parait très beau. L'altitude: 2330 metres. Ah, quand même... L'hotel où nous avions fondé nos espérances est fermé. Il porte encore les traces des attaques d'artillerie. Le chauffeur le savait et poursuit sa route sans effroi : traversée d'alpages, et de hameaux. Toujours pas d'arrêt. Commentaire laconique du chauffeur en montrant du doigt les hameaux qui paraissent bien accueillants: "ces personnes sont des vraies menaces pour vous comme leurs grands parents l'ont été pour les personnes autochtones (comprendre; les Grecs et Arméniens). "

Bon, et bien nous sommes heureux de poursuivre la route. Elle est encore très très longue, mais nous le saurons à l'arrivée! L'asphalte disparait vite, et la piste a de plus en plus de trous et se rétrécit nettement. Dire que sur la carte c'est une grossse route rouge... Incroyable! Le brouillard s'y met: on ne voit pas à 7 m pour certains passages. Mais tant mieux car nous traversons littéralement les falaises et je devine le vide à quelques cm de ma vitre, donnant sur 600 mètres! Le chauffeur est très calme et confiant, cela rassure beaucoup. A un moment, il tique, et je crois que nous allons devoir faire demi-tour: une longue coulée de boue en pente raide sur 15 mètres, avec le précipice à droite... Il passe! Ensuite des tournants serrés sans fin. On voit les lumières du prochain villaage (Karacam) très loin en bas. Puis plus proches. Puis, on y est! ouf!! Mais pas d'hotel ici...

Nos anges gardiens décident de poursuivre jusqu'à la petite station tourisitque qui à vol d'oiseau est proche: en piste cabossée, encore 1 h de tappe-c...

On arrive vivants à 1h du mat... incroyable épopoée! Je pense qu'en moto-cross cette route doit être sublime à traverser!

Donc, reposés, nous partons de cette station (Uzungol) vers notre ascension vers les petites églises indiquées sur la carte tourisitique. Des km et des nombreuses demandes d'indications plus loin, nous sommes gros jean comme devant. Les populations d'ici ne veulent pas nous aider à nous repérer, c'est très net. Souvent ils disent: "il n'y a aucune église!" Or si, c'est certain! On est encore dénoncé auprès des gendarmes qui nous contrôlent au milieu de nulle part. L'officier fait comprendre que l'appel disait qu'on était des voleurs...

Donc pas d"indication de chemins, pas de conseils avisés de locaux, pas de carte et un brouillard qui descend dangereusement: bref on renonce à trouver cette église et sa voisine qui nous tendaient les bras. Elles resteront cachées dans leur écrin de forêt. Sans véhicule , nous n'y arrivreons pas.

Conclusions:

-ne pas se fier aux "cartes" touristiques...

-...ni aux populations locales.

-Sans voiture, en marcheurs innocents et sportifs ( concepts que ne peuvent pas comprendre les populations locales), le contôle d'identité est quasiment systématique. En voiture, pas de problème ce de point de vue là...

Post scriptum du 3 juillet 2015:

Je découvre cet article:

http://www.lepetitjournal.com/istanbul/accueil/la-turquie-en-bref/219919-attention-danger-une-route-turque-au-1er-rang-mondial

c'est bien sur cette route là que nous avons roulé, de nuit, avec la boue....

:))